Nous sommes dans la période hivernale des mois de Décembre 1870 et Janvier 1871, à Paris. La capitale française est alors bloquée car assiégée par les Prussiens depuis le 20 septembre 1870. Cette période trouble voit s’affronter Bismarck et le gouvernement de Défense nationale incarnation de la toute jeune IIIe République ayant succédé dans les combats à Napoléon III déchu suite à la défaite de Sedan le 4 septembre 1870.
La température moyenne est inférieure à 0°. La plus basse connue sur l’ensemble de la période est de – 15° au début décembre. Les meilleures sources pour bien se rendre compte de la tragédie parisienne sont le bulletin municipal ainsi que le Journal d’un certain Jacques-Henry Paradis. Ceux-ci dénombrent 2000 morts civils pour la 1ère semaine de décembre. Puis 7000 morts suivront, mourant de diverses maladies comme la variole et le choléra. Pour la seconde semaine de janvier, on comptabilise 4500 morts supplémentaires. Le macabre décompte donne 13 380 morts au moins dans un Paris peuplé de 2 millions d’habitants. Tel est le bilan chiffré, entre décembre et janvier.
Durant cette période glaciale, la souffrance se croise partout mais surtout dans les coins de rue populaires. Les Parisiens souffrent beaucoup. Le manque de charbon, de coke, puis de bois se fait alors sentir. Le paysage parisien contemple la désolation. Imaginez les arbres des bois de Boulogne et de Vincennes coupés pour le chauffage. Ces mêmes arbres se reflètent alors comme dans un miroir sur une Seine qui restera gelée durant trois semaines. Cette pénurie de bois provoque plus d'agitations que pour le manque de nourriture car une politique de rationnement et de services alimentaires est mise en place par le gouvernement français.
Cependant, la pénurie alimentaire et de fait la hausse des prix sont telles que les Parisiens, et en particulier les ménages les plus modestes, sont contraints de manger chats, chiens, rats et même les animaux du Jardin des Plantes (réservés aux élites les plus aisées de la capitale).
Pourquoi une telle misère? Paris et ses habitants servent-ils d’otages en pleine guerre franco-prussienne? Ils le sont évidemment! Par la Prusse, d'abord, qui a décidé de gagner cette guerre en faisant plier la capitale. Enfin, par le gouvernement français de Défense nationale, délocalisé à Tours pendant le conflit et qui donc ne vit pas la souffrance parisienne. Après plusieurs batailles perdues et le bombardement systématique de Paris par les Prussiens, le gouvernement français capitule le 28 janvier 1871, faisant fi de la révolte parisienne hostile à la capitulation.
L’échec de cette révolte sonne-t-elle, pour autant, comme un baroud d’honneur des Parisiens qui se plieraient désormais à la décision gouvernementale ? Rien n’est moins sûr…Si les bombardements prussiens n’ont pas tué les Parisiens, cela les a rendu plus fort. Bientôt la Commune va faire rage.
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