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Ulysse S. Grant : du fils de tanneur au général de l'Union





Ulysse S. Grant naît dans l’Ohio, le 27 avril 1822. A sa première année, il déménage à Georgetown. Son père, Jessy, est un fervent abolitionniste, qui possède le sens des affaires. Son épouse, Hannah, est une femme discrète, très réservée, pieuse, qui ne dévoile jamais ses sentiments. Grant hérite de l’ambition de son père et de la discrétion de sa mère. Jessy ouvre une tannerie à proximité de la maison familiale. Grant est marqué par l’odeur nauséabonde provenant de l’atelier, d’où un dégoût pour ce métier.



Le jeune Ulysse nourrit une véritable passion pour les chevaux, parvenant à entrer en communion avec cet animal. A l’âge de douze ans, il tombe amoureux du poulain de son voisin. Suivant les conseils de son père, il parvient à l’acquérir pour vingt cinq dollars.



Elève moyen à l’école, Grant ne sait que faire de sa vie. Son père profite d’un programme de bourses gouvernementales pour l’inscrire à West Point. Grant n’est pas heureux de cette décision et se sent mal à l’aise parmi les autres élèves, lui le fils de tanneur. Il sèche régulièrement les cours. Il apprend le dessin, la cartographie et excelle dans les mathématiques. En 1843, 21e de sa promotion sur 39, il sort diplômé de West Point avec le grade de sous lieutenant.




Trois ans plus tard, la politique expansionniste des Etats-Unis engendre une guerre avec le Mexique. Grant est muté à l’intendance. N’aimant pas être à l’arrière, il fait des pieds et des mains pour participer aux combats. Placé sous les ordres du général Zacharie Taylor, lors du siège de Monterrey, il se porte volontaire pour forcer les lignes ennemies et aller quérir du renfort. Cet exploit lui vaut de recevoir le grade de capitaine.


Après la guerre, il épouse Julia Dent, la sœur d’un camarade de West Point, qu’il avait rencontrée avant le conflit. Son beau père, Frederik Dent est un planteur de coton, défendant l’esclavage. Autant dire, que les deux familles ne s’apprécient guère. Néanmoins, Julia et Ulysse partagent le même amour des chevaux. Ensemble, ils auront quatre enfants.



Grant est affecté dans une garnison de Californie. Loin de sa famille et subissant les brimades du commandant du fort, il sombre dans la dépression. Il tente par tous les moyens de réunir des fonds pour faire venir sa femme et ses enfants. Toutes ces entreprises échouent et il cherche du réconfort dans l’alcool. En 1854, il démissionne de l’armée pour rejoindre Julia. Afin de subvenir aux besoins de sa famille, il travaille sur la plantation de son beau père. Peu doué, il abandonne le métier d’agriculteur. A Saint Louis, il devient agent de créance, puis son père l’engage comme vendeur dans son magasin de Galena dans l’Illinois.




En avril 1861, la guerre de Sécession éclate. Grant souhaite se battre pour rétablir l’Union et pour ce faire, il doit réintégrer l’armée. Il écrit à ses contacts, ainsi qu’au secrétaire d’Etat à la guerre, mais toutes ses lettres restent sans réponses. Sa réputation d’alcoolique le précède. Il est rappelé par Lincoln à la fin du mois de juillet, avec le grade de général. Le président a besoin d’officiers pour remplacer ceux ayant rejoints les rangs de la Confédération.


Grant part sur le front Ouest. Partisan de l’initiative, il comprend vite l’importance du réseau fluvial pour la logistique. Il s’empare de nombreux forts sur le Mississippi. Il s’empare de fort Henry, puis s’attaque au fort Donelson. Après avoir subi un long siège, l’officier dirigeant, le général Buckner envoie un message à Grant, afin de discuter d’un armistice :
- Quelles sont vos conditions pour la signature d’un armistice ?
La réponse de Grant est singlante.
- Vous me parlez d’un armistice, mais il ne peut être question que d’une capitulation sans condition. Si vous refusez cela, mes hommes occuperont vos positions d’ici quelques heures.
- Soit. Je n’ai pas d’autres choix que d’accepter vos conditions peu glorieuses.
L’annonce de la chute de fort Donelson fait de Grant un héros, d’autant plus que la situation piétine sur le front de l’Est. Ulysse S. Grant devient « Ultimatum Sans condition Grant » : Ulysse S. Grant (Unconditionnal Surrender Grant).


Le 6 avril 1862, Grant et son armée campent près de Shiloh. Les Sudistes les attaquent par surprise. Grant est déterminé à résister. Il parcourt le front dans tous les sens, afin de réorganiser ses troupes et les motiver. Il parvient à tenir jusqu’à l’arrivée des renforts. La bataille de Shiloh est l’une des plus meurtrière de la Guerre de Sécession. L’opinion publique reproche à Grant la mort des 24.000 hommes par pêché d’orgueil. Des rumeurs courent sur le fait qu’il aurait été ivre lorsqu’il donnait ses ordres. Surnommé dorénavant le Boucher, il est relevé de son commandement. Lincoln le rétablit dans ses fonctions à l’automne.


Grant reprend sa progression le long du fleuve. Il bute sur le fort de Vicksburg. Ne pouvant le prendre, il décide de le contourner. Grant se coupe de ses bases et vit sur le pays, dévastant tout le territoire de Vicksburg. Une technique nouvelle dans cette guerre, qui sera reprise à grande échelle par le général Sherman, lors de la campagne de Géorgie. Vicksburg tombe après 47 jours de siège, ouvrant la route du Sud aux troupes de l’Union.


Grant devient l’homme fort de Lincoln. Le président le convie à la Maison Blanche. Lorsque Lincoln traverse le hall, il aperçoit un officier à l’uniforme abîmé.
- Vous êtes Ulysse Grant, je présume ?
C’est la première fois que les deux hommes se rencontrent. Ils partagent le même point de vue, la sauvegarde de l’Union comme priorité et l’abolition de l’esclavage, afin d’affaiblir le Sud. Au Texas, Grant avait érigé des camps, afin de recueillir les esclaves libérés ou en fuite. Ces derniers travaillent pour l’Union en échange d’un salaire. Ils conviennent du fait qu’il ne faudra pas humilier le Sud lorsque la paix reviendra. Lincoln le nomme général en chef des armées de l’Union. L’opinion publique accueille dans la liesse cette nouvelle. Le journal The Times écrit : « Si nous n’arrivons pas à battre le Sud avec Grant, alors c’est que nous n’y arriverons jamais».


Grant rejoint l’armée du Potomac sur le front Est, où il mène de rudes campagnes. Le 9 avril 1865, alors qu’il ne se trouve plus qu’à une quinzaine de kilomètres de Richmond la capitale de la Confédération, Grant reçoit un message. Son aide de camp rapporte : « J’ignore ce que contenait ce message, mais l’attitude du général a radicalement changé en l’espace d’un instant. Lui, qui la veille, souffrait encore de migraine, s’en est allé sur son cheval en sifflotant ». Grant se rend à Appomattox, afin de recevoir la reddition de Robert Lee, le commandant en chef des troupes de la Confédération. La guerre est terminée. En accord avec Lincoln, Grant souhaite rétablir la paix. Il dit à ses troupes : « Les Sudistes ne sont plus des rebelles, mais des citoyens à part entière de l’Union ».




De retour à Washington, Grant goûte à la quiétude de son foyer. Julia n’ayant pas envie de passer la soirée avec Mary Lincoln qu’elle n’apprécie guère, demande à son mari de repousser l’invitation au théâtre du Président. Le lendemain, 15 avril, Grant apprend la mort de Lincoln. Il est profondément attristé par cette disparition. « Seul Lincoln était en mesure de rassembler tous les Américains. Maintenant, l’avenir me parait moins serein ».






A suivre....

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