Accéder au contenu principal

Mathurin Méheut : peintre décorateur breton

Mathurin Méheut naît le 21 mai 1882 à Lamballe de Mathurin Méheut charpentier et de Jeanne Hello. A l’age de 14 ans, il devient apprenti chez un peintre en bâtiment prénommé Mathurin Guernion. Il convainc son père de quitter Lamballe pour intégrer l’Ecole régionale des beaux arts de Rennes. Diplômé, il s’inscrit ensuite à l’Ecole nationale des arts décoratifs de Paris. En 1905, il épouse Marguerite Mouja.

Journaliste pour la revue Arts et décoration, il recherche de nouveaux motifs décoratifs. D’origine bretonne, il songe à employer l’océan. Il séjourne deux années à la station biologique de Roscoff. Il réalise de nombreux croquis de la faune et de la flore marines démontrant une observation détaillée, minutieuse et scientifique. Il les publie sous la direction du peintre décorateur Maurice Pillard-Verneuil dans deux volumes intitulés : Etude de la mer.

Mathurin Méheut obtient la « bourse autour du monde » donnée par la Fondation Albert Kahn. Ce banquier pacifiste pense que la méconnaissance réciproque des hommes engendre la haine entre les peuples. Selon lui, seuls les échanges culturels via les élites peuvent remédier à cette situation. Sa fondation travaille à cet objectif en finançant les voyages et les travaux d’artistes. Mathurin Méhut embarque avec sa femme pour Hawaï, puis se rend au Japon, avec cette recommandation d’Albert Kahn : « oubliez tout ce que vous avez appris jusqu’ici et ne faîtes qu’observer et vous imprégner ». L’artiste étudie les estampes japonaises et réalise dans ce style des représentations de vie quotidienne et de temples japonais. Les biches se promenant en liberté l’amusent. Il les intègre systématiquement à ses paysages. De son voyage au Japon, Méheut conserve les techniques des estampes japonaises et s’en servira parfois pour des sujets ayant traits au monde marin.

La Première guerre mondiale éclate en 1914 et Mathurin Méheut est obligé de rentrer en France. Il est incorporé au 136e régiment d’infanterie d’Arras. Lors des moments d’accalmie, il réalise des dessins de la vie des poilus dans les tranchées. Il réalise deux peintures de Georges Clemenceau visitant les soldats. En 1916 après sa convalescence, l’Etat-major souhaite exploiter ses talents de dessinateur. Il rejoint le service topographique.

Après la guerre, il retourne vivre en Bretagne. Il parcourt la région en peignant des scènes de la vie quotidienne des bretons : pêches, ramassage du sel et du goémon, pèlerinage religieux, bal, café et port. La faïencerie Henriot de Quimper l’engage pour relancer la vente de ses produits. Méheut utilise ses croquis de Roscoff pour décorer de poissons et de crustacés les plats et assiettes sortant des ateliers. Ces nouveaux modèles rencontrent un vif succès. Parallèlement, il décore plusieurs paquebots de croisière. Méheut doit composer divers sujets n’ayant aucun rapport avec le monde marin, qui ne sont pas appréciés à l’intérieur des navires. Ainsi pour le Normandie, il réalise des fresques représentant des Vikings.

En 1925, il retourne vivre à Paris et se lie d’amitié avec l’artiste peintre Yvonne Jean-Haffen qui devient son élève et sa collaboratrice. Les talents de Mathurin Méheut sont reconnus. La manufacture de Sèvres l’engage pour réaliser de la vaisselle avec des motifs marins. A la même période, il réalise la décoration du très chic restaurant parisien Prunier, spécialisé dans les poissons et les fruits de mer. Il est également illustrateur de livres : romans, manuels scolaires d’histoire et de géographie, traités de botanique et de zoologie. Il collabore avec Colette à la réalisation de Regarde, un conte pour enfant. Il rêve d’illustrer le Livre de la Jungle, mais ne parvient pas à récupérer le marché. Déçu, il peut néanmoins réaliser ses peintures d’animaux et de paysages exotiques dans la villa du sud de la France de son ami Albert Kahn.

Durant la Seconde guerre mondiale, il retourne une nouvelle fois vivre en Bretagne et donne des cours à l’Ecole régionale des beaux arts de Rennes. Il reprend ses croquis et ses peintures de la Bretagne. Ses scènes de pêche montre les avancées technologiques réalisées dans la marine durant l’entre deux guerres et au début des années cinquante. Obsédé par son legs à la postérité, il réalise de nombreuses fresques et répond aux commandes des instituts océanographiques et des compagnies maritimes françaises et étrangères. Sa dernière exposition à Paris, au milieu des années cinquante, est un véritable succès pour celui qui se dit sans aucun talent. Il devient académicien de la Marine avant de décéder le 22 février 1958.

Mathurin Méheut a été un peintre, illustrateur et décorateur, reconnu essentiellement pour ses peintures de la Bretagne et ses illustrations maritimes sur papier ou sur faïence. Artiste très prolifique, ses œuvres sont loin d’avoir toutes une valeur artistique identique. Un musée dans sa ville natale de Lamballe continue de porter à la connaissance du public son oeuvre.


Sources
Texte : exposition « Mathurin Méheut » au musée nationale de la Marine, Paris, mars-juin 2013.
Image : fr.topic-topos.com

Commentaires

Les articles les plus consultés

Lilith, la première femme de la Bible et d'Adam

Avez-vous d é j à lu la Bible? En entier? Peu l'ont fait! Au moins la Gen è se alors! La Gen è se? Mais si, le d é but, l'intro' ! Lorsque Dieu cr é e le ciel, la terre, les ê tres vivants et enfin l'homme Adam! Enfin, Adam et È ve... Vous connaissez cette histoire et souvent peu le reste. Lorsque je discute de la Bible avec des amis ou des é l è ves - pas toujours ignorants du fait religieux - je remarque souvent un ab î me d'ignorance de l'histoire biblique comme si on passait directement d'Adam à J é sus. Ah si: les gens connaissent aussi Abraham et Mo ï se. J'ai toujours aim é le d é but des histoires. La Bible ne fait pas exception. Je ne sais pas combien de fois j'ai pu lire et relire la Gen è se. Et puis un jour, un passage m'a turlupin é . Le sixi è me jour, Dieu d é cida de remplir la terre d'animaux, d'oiseaux et de bestioles. Puis, il est é crit: Chapitre 1: 26 Dieu dit : « Faisons l ’ homme à notre image, se

Alexandre le Grand homosexuel ? Le doute Hephaestion

Il est un fait, sur la possible homosexualité d’Alexandre, qu’il faut relever immédiatement. De toute sa vie, aucun acteur privilégié, c’est à dire proche du conquérant – et ils sont nombreux -  n’a jamais affirmé ou constaté de visu le voir pratiquer une relation sexuelle avec un autre homme. Cependant aucun non plus n’affirme qu’il n’en a jamais eue. La seule énigme tourne autour du seul et même homme avec qui il partage très souvent son quotidien: H é phaestion. Savoir si ces deux hommes ont un jour ou l’autre sauté cette fragile frontière qui sépare la grande amitié de l’amour restera pour l’éternité en suspens… du moins pour le moment ! Il faut s’attarder un instant sur l’ami intime d’Alexandre, celui qui lui sera toujours fidèle. H é phaestion naît à Pella, la même année qu’Alexandre. Fils d'Amyntas, un aristocrate macédonien, il reçoit également la même éducation que lui auprès du philosophe Aristote dans son adolescence. Il est un homme fort et beau. Certaines anecdo

Cléopâtre, son tapis et Jules César : Une Histoire d'Amour Épique et Mystérieuse qui a Bouleversé l'Empire Romain

Les amours passionnées entre la célèbre reine égyptienne Cléopâtre et le tout-puissant et charismatique Jules César forment un épisode à la fois mystérieux et envoûtant de l'histoire. Leur relation est digne des ébats charnels des dieux de l'Olympe. Au sein de leur amour naît un enfant légendaire et secret, Césarion, conférant à la reine une place singulière dans l'histoire et une renommée qui fait jaser du sénat romain jusqu'aux recoins les plus sombres de l'empire. Cléopâtre, descendante de Ptolémée Ier, général et compagnon d'Alexandre le Grand, est d'origine grecque, mais elle se distingue par son amour pour son peuple et son désir ardent de faire reconnaître l'Égypte comme la grande civilisation du monde méditerranéen, au même titre que Rome. Polyglotte, elle parle la langue de son peuple, une particularité sans précédent parmi les descendants de la dynastie des Ptolémées, qui règnent sur le trône depuis trois siècles.

Pasteur et la découverte du vaccin contre la rage

En 1879, Louis Pasteur, surnommé par René Dubos le « Franc-tireur de la science », a découvert le principe du vaccin et ceci grâce aux vacances d’été que celui-ci s’est octroyé. Tout grand esprit a besoin de repos. Le choléra des poules fait alors rage, depuis le printemps. Après plusieurs mois d’expériences infructueuses, Pasteur décide de se reposer et part rejoindre sa femme ainsi que toute sa famille dans sa maison de campagne. De retour dans son laboratoire, très détendu après ses congés estivaux, il reprend avec une grande motivation ses recherches, suivant le même procédé que celui établi jusque-là. Il inocule la bactérie du choléra sur des poules. Et il attend : une heure, deux heures. Aucune poule ne meurt. L’aiguille de l’horloge tourne et tourne pendant des heures, tout comme Pasteur dans son laboratoire. Rien ne se passe. Les poules sont toujours aussi pimpantes. Le chimiste de formation, loin d’être novice en matière d’expériences scientifiques, réfléchit : « Mais que

Hitler et Mussolini : quand l’élève dépasse le maître

En 1922, Benito Mussolini à la tête du parti fasciste italien, marche sur Rome et s’empare du pouvoir. Il transforme la démocratie en Etat fasciste. De l’autre côté des Alpes, Adolf Hitler observe ses actions. Mussolini est un modèle à suivre. Hitler organise son parti sur le modèle italien. L’année suivante, il tente lui aussi de marcher sur Berlin, pour s’emparer du pouvoir. C’est un échec. Il doit attendre les élections de 1933, pour accéder à la fonction de chancelier. La première entrevue entre les deux dictateurs se déroule à Rome en 1934. Le principal sujet réside dans la question autrichienne. Mussolini protège l’Autriche, qu’il considère comme une zone tampon face à l’Allemagne. Le meurtre du chancelier Dollfuss le 25 juillet 1934 par des sympathisants nazis est très mal vu par Rome. Mussolini envoie des troupes à la frontière, empêchant ainsi les nazis de prendre le pouvoir. Le Duce impose de par sa prestance. Vêtu de son bel uniforme, il apparaît comme l’homme fort au côté d

Aux origines de la galette bretonne

Chandeleur oblige, les crêpes sont de la partie ; et en Bretagne, qui dit crêpe, dit galette. L’histoire de la galette est étroitement associée à celle du blé noir, son principal ingrédient. C’est le parcours historique de cette céréale que nous allons retracer ici. Suivons à présent pas à pas la recette. Afin de réussir une bonne galette bretonne, accompagnons les croisés en Asie, au XIIe siècle. Après plusieurs milliers de kilomètres parcourus, des champs de fleurs roses s’étendent à perte de vue. Ce n’est pas un mirage, ni de simples fleurs d’ornement : les croisés découvrent le blé noir. Ils en prennent quelques plants, puis regagnent l’Europe avec des mules chargées de la précieuse semence. Mais le retour au Vieux Continent rime avec désillusion pour ces « chevaliers agricoles ». La culture de ce blé est exigeante et sa production reste faible. Néanmoins un espoir renaît du côté des exploitations d’une des régions françaises. Cet endroit est connu pour sa pluie :

Alexandre le Grand et Diogène: une rencontre de géant

Vous connaissez mon amour inconditionnel pour Alexandre le Grand. Aussi, aujourd'hui je vais vous conter un des épisodes qui m'a toujours marqué dans la vie du Macédonien : sa rencontre avec le célèbre philosophe cynique Diogène. De son entrevue, je crois, Alexandre en a retenu une leçon de vie qu'il essaiera, avec plus ou moins de bonheur ou de réussite, de s'appliquer tout au long de sa courte vie : l'humilité. Nous sommes en 335 avant notre ère. Alexandre n'est pas encore Alexandre le Grand et il n'a pas encore vingt-un ans. Pourtant, il est déjà craint par les Grecs... Bientôt par les Perses. En attendant, le jeune roi macédonien vient d'épater tous ceux qui doutaient encore de lui. Voilà quelques mois, son père Philippe mourrait sous les coups de couteaux de Pausanias - amant blessé - et la Grèce soumise décide alors de se révolter sous l'égide du meneur Démosthène et de la cité d'Athènes. Alexandre, fou de rage devant tant de traîtrise,

Hypatie d'Alexandrie, une femme seule face aux chrétiens

Alexandrie, ville de savoir ; ville de délices ; ville de richesses ! Et pourtant parfois, ville décadente et théâtre des pires atrocités faisant ressortir le vice animal, dénué de toute philosophie civilisatrice. En 415 de notre ère, cette Alexandrie, cité révérée et donnée en exemple, va connaître les premiers signes de sa décadence : elle assassine une des plus grandes savantes et philosophes de l’histoire de l'humanité, la belle et intelligente Hypatie. Née vers 370, Hypatie a environ dix ans lorsque l’empereur Théodose proclame la foi chrétienne comme étant la religion officielle de l’empire. Théodose met fin à un millénaire de stabilité religieuse et installe une religion qui tend à la prédominance   et qui, par l’intolérance qu’elle exerce, met l’empire en proie à des révoltes incessantes.  Moins d’un siècle suffira à le faire définitivement chuter ! Les chrétiens avaient été plusieurs fois massacrés – souvent injustement – servant de boucs émissaires quand la situation l’i

Le destructeur du nez du sphinx

Voilà bien longtemps que les hommes de la riche et nourricière terre d’Egypte le contemple. On vient également de loin pour se recueillir devant lui. Le Sphinx, cet être gigantesque que les plus grands hommes révèreront comme un dieu est un porte bonheur ! Né de la volonté du pharaon Khéphren, ce mastodonte taillé dans la roche garde depuis 2500 av. notre ère environ le plateau de Guizèh et ses somptueuses tombes : les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Le Sphinx parcourt les siècles avec aisance bien qu’il faille régulièrement le déterrer car le sable, inlassablement, vient le recouvrir jusqu’aux épaules. La chrétienté puis l’islam passent et le culte du dieu lion à tête d’homme s’éteint progressivement sans toutefois totalement disparaître. Les musulmans d’Egypte le considèrent tel un génie et l’admirent comme une œuvre d’art défiant la nature et rendant grâce au génie humain voulu par Dieu. Malheureusement, les belles heures théologiques, bien souvent plus intellectuelles