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La bataille des sept jours



La bataille des sept jours correspond à une série d'affrontements, qui se déroulent du 25 juin au 1er juillet 1862, en Virginie dans la péninsule entre Richmond et la James River, soit à une vingtaine de kilomètres de la capitale confédérée. Durant cette semaine, 20.000 confédérés et 10.000 fédérés sont soit tués soit blessés.

Conformément au plan Urbana, McClellan débarque son armée à fort Monroe dans la péninsule virginienne le 17 mars. Son objectif global est de remonter la péninsule pour atteindre Richmond. Il dispose d’une tête de pont sécurisée pouvant être approvisionnée par la mer. Depuis la bataille d'Hampton Roads, la marine nordiste permet d'assurer des liaisons.
Depuis le début de la guerre, la Confédération est installée dans une posture défensive. Le plan d’action sudiste consiste à bloquer l’avancée nordiste afin de protéger Richmond. Le terrain favorise cette stratégie. En effet, la péninsule de Virginie est délimitée à l’Est et à l’Ouest par deux fleuves, la James River et la York River, séparées d'une vingtaine de kilomètres avec au milieu la Chickahominy. Une armée couvrant toute la largeur peut barrer l’accès en utilisant les deux fleuves pour sécuriser ses flancs. Les batteries sudistes installées à Norfolk empêchent les fédéraux de remonter la James River. Le fleuve York était lui aussi interdit à la navigation pour le Nord à partir de Yorktown et Gloucester. McClellan est contraint d’attaquer de front la ligne de défense de John Magruder. Durant les mois d'avril et de mai, les troupes nordistes s'emparent des trois villes s'ouvrant les voies fluviales.
Jefferson Davis presse Johnston d'intervenir. Le 31 mai, les confédérés attaquent l'armée nordiste dans les environs du village de Seven Pines. Les différents assauts sont mal coordonnés, si bien que les Nordistes parviennent à récupérer le terrain qu'ils ont perdu lors du premier accrochage. Durant la bataille, Johnston est blessé par un éclat d'obus et une balle dans l'épaule.
Après la bataille de Seven Pines, McClellan se sent menacé. Il ordonne le transfert de sa base de l'autre côté de la James River. L'ennui, c'est qu'il n'y a pas de voies ferrées là-bas et que les canons ne se déplacent que sur rail. McClellan sabote lui-même son plan de siège de Richmond en se privant de son artillerie. Côté confédéré, Robert Lee remplace Johnston comme général en chef. Lee n'a pas une bonne réputation, car c'est lui qui a été défait en Virginie Occidentale par McClellan. Sa première action est de renforcer les défenses de Richmond, ce qui lui vaut de vives critiques. Cependant, Lee n'escompte pas tenir un siège. Il s'aménage une solide base arrière afin de pouvoir lancer des contre-attaques. Pendant ce temps, McClellan explique à Washington les raisons pour lesquelles il n'est pas encore prêt à lancer une grande offensive :" Mon artillerie n'est pas au complet. Je suis sans cesse obligé de me battre contre un ennemi infiniment supérieur et de réorganiser mes troupes après chaque affrontement. De plus, les routes boueuses contrarient mes déplacements." Sur ce dernier point, on ne peut lui donner tort. Les mois d'avril et de mai ont été très pluvieux. Lincoln ne peut fournir les contingents exorbitants que demande McClellan. Le général refuse d'attaquer, car il croit toujours être en infériorité.

Le 26 juin, dans les environs de Mechanicsville, les Nordistes, sous les ordres du général Fitz-John Porter, ont construit des palissades de bois pour protéger leur artillerie et posté des tireurs isolés dans les bois. Malgré ce dispositif, les Sudistes combattent avec obstination pour défendre leur capitale. Les Nordistes parviennent à repousser l'assaut. Les pertes sont énormes : 1500 Sudistes blessés ou tués contre 360 Nordistes. Cet affrontement est connu sous le nom de bataille de Beaver Dam Creek. Lorsque McClellan apprend que Jackson, de retour de la vallée de la Shenandoah, vient d'arriver à Richmond, il ordonne à Porter de se retirer sur Gaine's Mill. Néanmoins, les hommes de Jackson sont trop harassés par leurs marches forcées et ne peuvent se mettre en action dans l'immédiat. Le lendemain à Gaine's Mill, Porter consolide ses défenses. Il détruit la voie de chemin de fer pour fabriquer des remparts de bois et de fer. Dans l'après-midi, il repousse l'assaut du général James Longstreet, Ambrose Hill et Daniel Hill. Néanmoins sur l'aile gauche, les attaques confédérées sèment la panique parmi les chevaux de l'artillerie. L'armée de l'Union déplore la perte de 22 canons. Le soir, Porter reçoit l'ordre de se replier sur l'autre rive de la Chickahominy où McClellan a décidé de concentrer son armée. Un nouvel accrochage se déroule durant la journée du 29 juin à Savage où l'Union a installé un hôpital militaire. A cause d'une mauvaise coordination entre Jackson et Magruder, seule la moitié des confédérés s'engagent dans la bataille. De plus, Jackson perd du temps à traverser la rivière en cherchant un pont alors qu'il était possible de passer à pied par un gué. Les Nordistes les repoussent avant de se retirer durant la nuit.
Le 30 juin, Lee lance une attaque sur le village de Glendale pour encercler l'armée fédérale. A nouveau, la coordination est mauvaise. Seuls Longstreet et Hill attaquent, tandis que Jackson demeure en retrait. Les Sudistes parviennent à gagner du terrain, mais au prix de lourdes pertes. En effet après la bataille, l'armée confédérée compte deux fois plus de morts et de blessés.
Les Nordistes se réfugient sur Malvern Hill, une colline haute de 50 mètres surplombant la James River à cinq kilomètres au sud de Glendale. Le Nord établit plusieurs batteries d'artillerie. Protégé par la rivière et des falaises abruptes, il n'est possible de l'attaquer que par un seul endroit découvert. Lee, toujours en quête d'une victoire probante, compte sur l'apport de matériel volé aux Nordistes et sur le défaitisme de McClellan. Le 1er juillet, il ordonne l'attaque, mais les ordres arrivent dans tous les sens et l'assaut se déroule sans aucune cohérence. 5.500 sudistes sont fauchés par les canons et les mitrailleuses lourdes sur les pentes de Malvern Hill. "Ce ne fut pas la guerre, mais un assassinat" commenta Daniel Hill.

Constatant le repli des troupes ennemies et vu les énormes pertes subies, Lee se résigne à ne pas poursuivre l'armée fédérale. Tirant les enseignements de cette bataille, Lee mute un certains nombres d'officiers sur le front Ouest et les remplace par des hommes en qui il a confiance. De son côté, McClellan réembarque ses troupes en direction de Washington. A la fin du mois d'août, les derniers Nordistes ont quitté la péninsule.
L'Union a laissé échapper une très grande occasion de mettre fin à la guerre. McClellan disposait d'une artillerie supérieure en puissance et des effectifs largement supérieurs. Seul le terrain pouvait parfois jouer contre lui. Lorsque le Nord remporte des batailles, il ne profite pas de l'avantage gagné. De son côté, Lee ne réussit pas à exterminer l'armée de McClellan à cause des obstacles naturels, de ses cartes approximatives, des problèmes de communication entre ses généraux, sans oublier la supériorité numérique et de puissance de l'armée fédérale.
Une fois la campagne de la péninsule terminée, la situation sur le front de Virginie demeure identique à celle du début, cinq mois plus tôt. Les Nordistes reviennent aux abords de Washington, tandis que les Confédérés s'amassent à la frontière pour contrer une nouvelle tentative d'invasion.

Sources
Texte :
- Mc PHERSON James, La Guerre de Sécession, Robert Laffont, Paris, 1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
- DOOMS Logan , La campagne de la péninsule, publié le 1er juin 2013 sur http://laguerredesecession.wordpress.com/
- Eginhard, « Les sept jours », www.histoire-pour-tous.fr, 28 juin 2012.

Image : http://civil-war-uniforms.over-blog.com/2014/04/la-campagne-de-la-peninsule-mars-juillet-1862-1.html

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