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L’épopée de Gilgamesh




Gilgamesh, le roi d’Uruk en Mésopotamie, était un tel tyran, que les habitants de la ville imploraient Ishtar, la déesse protectrice de les aider. La déesse se rendit dans les steppes à la recherche d’un homme capable de délivrer la ville de la tyrannie de Gilgamesh. Elle finit par trouver un homme solitaire, hirsute, se comportant et vivant comme un animal. Il s’appelait Enkidu. Ishtar se transforma en courtisane et lui apprit à devenir un homme civilisé par le biais de l’amour. Une fois son apprentissage terminé, Enkidu suivit la déesse jusqu’à Uruk et affronta Gilgamesh. Le combat finit sur un status quo et les deux hommes se lièrent d’amitié. Enkidu apprit à Gilgamesh l’humanité et la bienveillance et le comportement du roi changea. Le peuple était satisfait des nouvelles mesures prises par le roi.
Un soir lors d’un banquet au palais, un tremblement de terre eut lieu. Les colonnes s’effondrèrent et le toit s’affaissa. Dans la catastrophe, Samshat la reine fut tuée. Gilgamesh reconnut là l’œuvre de Humbaba, un puissant monstre provoquant des tremblements de terre, des incendies et des maladies. Les deux hommes décidèrent d’aller l’affronter. Ils se mirent en route. Au bout d’une semaine, ils arrivèrent dans une épaisse forêt de cèdres. Pour se frayer un chemin, ils abattirent les arbres. Soudain au sommet d’un volcan, Humbaba apparut, crachant du feu et de la fumée. Ce dernier agrippa Gilgamesh et le souleva dans les cieux. Le vent se leva d’un seul coup poussant les nuages. Avec la lueur de la lune dévoilée, Gilgamesh envoya sa lance entre les mâchoires du monstre qui s’effondra mort. A ce moment là, la déesse Ishtar arriva dans un char tiré par des chevaux ailés. Elle lui expliqua que c’était grâce à son intervention qu’il avait pu vaincre Humbaba. Ensuite, elle le demanda en mariage. Gilgamesh refusa et Ishtar repartit offensée.
De retour à Uruk, les deux hommes furent acclamés par les habitants. Toutefois, les réjouissances ne durèrent qu’un court instant. Pour se venger, Ishtar envoya un taureau géant dans la ville. Les sabots de l’animal fracassaient les constructions et écrasaient la population. Gilgamesh et Enkidu parvinrent néanmoins à le tuer. Pour punir Gilgamesh des affronts qu’elle venait de subir, la déesse envoya la maladie sur Enkidu qui mourut au bout de quelques jours. Gilgamesh lui construisit un tombeau pour pleurer son ami : « La mort est le monstre le plus atroce qui existe. Elle m’a enlevé Enkidu. Un jour, elle m’enlèvera à mon peuple. Je dois trouver une façon de la détruire. Je dois chercher le secret de l’immortalité. »
Gilgamesh erra de longs mois dans le désert en quête du secret de l’immortalité. Alors qu’il allait renoncer, Samshat lui apparut sous la forme d’un oiseau. Elle l’encouragea et lui conseilla de se diriger vers le mont Mashu, là où habitait le dieu Soleil. Gilgamesh y arriva durant la nuit. Durant son ascension, il fut attaqué par des bêtes féroces. Près du sommet, il entendit une plainte faible et désespérée. Un lionceau était tombé dans un gouffre. Gilgamesh secourut le petit animal. Soudain, deux scorpions géants firent leur apparition et ordonnèrent à Gilgamesh de faire demi-tour. Ce dernier refusa et se préparait à les affronter. Ce courage impressionna les scorpions qui décidèrent de l’aider. Ils lui indiquèrent une galerie au bout de laquelle vivait le dieu Soleil.
Après plusieurs heures de marche dans l’obscurité, Gilgamesh et le lionceau arrivèrent dans la demeure du dieu Soleil. C’était un magnifique jardin peuplé d’une faune et d’une flore luxuriantes. Le dieu Soleil apparut. Gilgamesh lui demanda le secret de l’immortalité. Le dieu décida de le guider jusqu’au seul homme qui avait reçu l’immortalité. Gilgamesh suivit le soleil à travers le désert. Il porta sur le dos le lionceau qui avait fini par s’écrouler de fatigue. Gilgamesh arriva dans une clairière où se dressait une chaumière. Il frappa à la porte. Une femme lui ouvrit. Elle s’appelait Siduri. C’était elle qui fabriquait le nectar des dieux. Elle proposa à Gilgamesh de se reposer. Quand il lui révéla les raisons de sa présence, Siduri lui conseilla de renoncer à sa quête et de savoir profiter de l’instant présent. Gilgamesh s’y refusa, alors elle lui indiqua la route à suivre. Il devait traverser les eaux des morts.
Gilgamesh emprunta la barque de la jeune fille en la remerciant. Il se dirigea vers l’île. Les eaux des morts rongeaient le bois de ses rames. Le vent se leva. N’ayant plus de rame pour se diriger, l’embarcation commença à dériver. Gilgamesh prit ses vêtements, s’en servit comme voile et finit par arriver à destination. Uta Napishtim, le seul à avoir reçu l’immortalité, l’accueillit. Gilgamesh lui demanda le secret de l’immortalité. Pour le connaître, le roi devait subir une épreuve, qui consistait à demeurer éveillé pendant six jours et sept nuits. Pendant ce temps, Uta Napishtim lui raconta son histoire. Il était roi de Shuruppak. Les dieux devant la méchanceté du monde avaient décidé de tuer tous les hommes, à l’exception de lui qui avait su rester bon. Il dut construire une grande arche et y entreposer des animaux et des plantes de chaque espèce. Le déluge dura six jours et sept nuits. En remerciement de ses services les dieux lui accordèrent, ainsi qu’à sa femme, l’immortalité. Quand il eut terminé son récit, il s’aperçut que Gilgamesh s’était endormi.
Le roi implora Uta Napishtim pour avoir une seconde chance. Ce dernier lui ordonna d’aller chercher au fond de la mer la plante de jeunesse. Gilgamesh retourna sur les eaux et plongea à l’endroit indiqué par Uta Napishtim. Il cueillit la plante et remonta à la surface. Voguant près d’une île superbe, il décida de s’y arrêter pour manger des fruits et se reposer. Durant son sommeil, un serpent arriva et engloutit la plante. C’était la déesse Ishtar qui s’était incarnée en cet animal. A ce moment là, Enkidu apparut sous la forme d’un aigle géant. Il prit son ami et le lionceau sur son dos et les ramena à Uruk :
« Regarde. C’est ici, Gilgamesh, que se trouve l’immortalité que tu cherches ; dans la cité que tu as bâtie, dans le courage que tu as démontré, dans le bien que tu as fait. Tu seras toujours vivant dans le cœur de ton peuple. »

L’épopée de Gilgamesh est la plus ancienne œuvre littéraire qui soit parvenue jusqu’à nous. Elle nous est connue grâce à des tablettes d’argile issues de la bibliothèque du roi Assurbanipal au VIIe siècle av J.C. Pendant vingt siècles, l’épopée de Gilgamesh s’est transmise de générations en générations, avant de sombrer dans l’oubli. Il faut attendre les fouilles archéologiques du XIXe siècle et les travaux de George Smith pour que l’œuvre retrouve la lumière.
Gilgamesh est le roi d’Uruk, l’une des nombreuses cités-états qui constituaient la Mésopotamie. La liste sumérienne des rois distingue une période préhistorique qui précède le déluge, puis une autre historique. Gilgamesh occupe la cinquième place de la première dynastie vers -2600. Il est donc un roi historique, mais sa légende en fait à la fois un être humain et divin.
L’épopée de Gilgamesh a influencé plusieurs mythes grecs, via les Phéniciens. Par exemple, Circé déploie ses charmes pour séduire Achille comme le fait Ishtar. Comme Gilgamesh, Ménélas va jusqu’au bout de la terre, parvient aux Champs-Elysées qui rappellent le bosquet majestueux où vit Siduri. Dans un autre jardin celui des Hespérides, Héraclès trouve les pommes d’or gardées par un serpent. Lui et le roi Gilgamesh terrassent plusieurs monstres.
Les Hébreux, lors de leur exil à Babylone, ont lu ce texte et s’en sont inspiré pour rédiger l’Ancien Testament, comme tend à le prouver l’épisode du Déluge.
L’épopée de Gilgamesh est tragique et dérisoire. Le roi est angoissé par la mort et la disparition. Il se rend jusqu’aux confins du monde pour trouver un remède. Après plusieurs échecs, il finit par admettre que la mort est irrémédiable. La seule solution est d’accomplir des choses hors du commun durant sa vie, qui permettront aux gens de se souvenir de lui. Elle se fait l’écho de l’obstination de l’homme à donner un sens à son existence.

Source
Texte : SCHEER, Léo : Gilgamesh, Librio, Paris, 2006, 78p.


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