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Articles

Cordouan : le Versailles de la mer

Jusqu’au 4 novembre 2012, le Musée de la Marine Nationale à Paris présente une exposition sur les phares. L’occasion nous est donnée de faire la lumière sur le plus ancien phare français toujours en activité : le phare de Cordouan. Le phare est construit sur le plateau de Cordouan, situé dans l’embouchure de la Gironde à sept kilomètres des côtes et appartient actuellement à la commune de Verdon sur Mer. A l’origine, il est bâti sur un îlot s’élevant à quelques mètres au dessus du niveau de la mer, y compris à marée haute. En érigeant des digues, les ouvriers réussirent à s’y installer le temps du chantier. Au fil des siècles, le plateau a subi l’érosion provoquée par l’action de la mer. Désormais, cet îlot est submergé la plupart du temps, excepté lors des marées basses de forts coefficients. Le nom « Cordouan » proviendrait peut-être de l’existence d’un comptoir commercial fondé au Haut Moyen-âge à l’entrée de l’estuaire par des Maures originaire de Cordoue. Au XVIe siècle, le

Isocrate ou l'éloge de la Grèce unie

Le Grec de l'Antiquité s'est toujours considéré comme un être à part. Différent par la langue et la culture, il ne l'est en aucune façon par la religion, polythéiste, et même par l'allure ! Sa peau teintée par le soleil riche et généreux de la Méditerranée ainsi que sa barbe fournie marquant le pas entre l'enfance et la maturité, lui font ressembler autant à un perse qu'à un anatolien... lesquels, par certains côtés, peuvent être même bien plus raffinés que lui ! Cependant, cette certitude d’apparaître comme des « gens différents » les ont amenés à diviser le genre humain en deux catégories bien distinctes : les Grecs, civilisés et policés, et enfin les Barbares incultes. Euripide, dans son Iphigénie ne déclare-t-il pas que « le Barbare est né pour l'esclavage et le Grec pour la liberté » ? Mais malgré son essor intellectuel – indéniable –, la Grèce des cités n'a pas réussi à surmonter son particularisme municipal. Et dès le dernier perse

La Naissance de Vénus de Bouguereau

William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) est un peintre français fortement inspiré par ses confrères de la Renaissance et tout particulièrement par Raphaël. Il tient à maintenir la peinture dans le style académique. Il réalise de nombreux portraits méticuleux, des tableaux religieux et des scènes mythologiques. Ces dernières sont souvent prétextes à représenter dans des décors surnaturels ou archéologiques des nus féminins d’un fort érotisme. Dans cette œuvre de 1879, exposée actuellement au musée d’Orsay à Paris, Bouguereau représente la naissance de Vénus, déesse romaine de l’amour. Selon les récits mythologiques, Vénus a jailli de l’écume de la mer, en sortant d’un coquillage. Le mot « écume » se dit aphros en grec d’où le nom d’Aphrodite. Homère nous décrit l’évènement de la manière suivante : Le souffle du vent d’ouest l’a portée De l’écume jaillissante et par-dessus la mer profonde Jusqu’à Chypre, son île, aux rivages frangés de vagues Et les Heures couronnés d’or L’ont accueillie

Fantômes et légendes :Napoléon et l'apparition de Mantoue

Le surnaturel n'est pas l'apanage des fous. Dans notre histoire de grands hommes, renommés, ont eu affaire avec le surnaturel. Si la notion d'intervention « extra-terrestre » est plutôt rare, ou nullement analysée comme telle par les hommes du passé, les rapports avec des interventions de l'au-delà sont courants, voir même hebdomadaires depuis que l'homme sait écrire. Nous parlons ici de fantômes, êtres que l'on aime à représenter avec des capes blanches mais qui, dans les récits, apparaissent le plus souvent en habit, parlent et ne surgissent pas pour faire peur. Néanmoins, ils dégagent à ceux qui les voient toujours la même sensation de mal-être. C'est ainsi que Napoléon, témoin indirect, mais dont la foi et la parole ne sont pas - toujours - à remettre en doute, a déjà eu affaire avec le surnaturel. L’Empereur croyait-il aux fantômes ? On peut en effet le supposer. Cependant, l'anecdote que je me plais à vous conter ici, n'est pas directe

Le siège de Larsa : Comment Hammurabi de Babylone a étendu son royaume en Mésopotamie

Hammurabi est une figure clé de la longue Histoire Mésopotamienne. Il marque une rupture nette avec l’ancien temps des cités et des élites suméro-akadiennes du IIIe millénaire et l’hégémonie babylonienne des IIe et Ier millénaires. En effet, si Babylone connut des périodes de dominations étrangères et des destructions au cours de sa riche histoire, elle resta comme le symbole de la puissance, de la richesse, de la beauté et de la culture jusqu’à nos jours. C’est sous le règne d ‘Hammurabi (1792-1750) que la ville obtint ses lettres de noblesse. De tous ceux que connurent la ville sous son long et prolifique règne, un événement marqua l’avènement et l’hégémonie de Babylone sur le vieux pays mésopotamien. Cet événement, c’est la prise de la ville de Larsa en 1763 qui vit l’annexion de son royaume, qui était le plus grand de Mésopotamie, par Babylone. Comment Hammurabi a-t-il pu organiser une campagne militaire aussi importante ? Quelles en étaient les raisons et qu’elles en furent les c

L'affaire Calas : Toulouse à la une des gazettes du royaume

Dans la nuit du 13 octobre 1761, les habitants de la rue des filatiers à Toulouse sont ameutés par des cris provenant de la boutique des Calas. Une foule s’y presse et trouve Pierre Calas terrorisé par la scène qu’il vient de découvrir. Son frère, Marc Antoine gît sur le sol de la boutique, une cravate de taffetas noir serrée autour du cou. Un garçon chirurgien présent constate que l’homme a été étranglé. Il s’agit d’un meurtre. Les autorités sont immédiatement prévenues. Vers 23h30, le capitoul (membre du conseil municipal revêtant des prérogatives politiques et judicaires) David de Beaudrigue arrive sur les lieux. Il fait rassembler les Calas, une famille de marchands protestants, composée du père Jean, sa femme, Pierre le fils, Jeannette la servante et Lavesse, un ami de Pierre originaire de Bordeaux, pour les interroger. La famille Calas a soupé vers 19 heures. Une heure plus tard, Marc Antoine sort du salon. A l’office, il tremble tellement que Jeannette lui demande s’il a froid.

Au-delà de la politique et de la guerre : La puissance de l'amour dans l'Histoire grâce à Shibtu et Zimri-Lim

L'amour est le plus souvent un thème romanesque ou anecdotique dans l'Histoire et, mis à part peut-être les longues séries d'histoires d'amour de grands souverains comme Louis XIV ou de maîtresses influentes telles Agnès Sorel ou Diane de Poitiers, ce sujet est souvent occulté au profit de la politique, de l'économie ou de la guerre. Ce domaine m'a pourtant toujours passionné car, à mon sens, il est compatible – voir lié - avec les affaires d’État et il argumentera une de mes grandes thèses sur l'influence permanente des femmes sur l'histoire de l'humanité, traditionnellement réservée aux hommes. Le rôle essentiel de la femme dans la vie politique, d'autant plus quand celle-ci est la reine, remonte profondément dans l'histoire des civilisations. Et c'est ainsi que, comme un voyage à travers les millénaires, je souhaiterais vous faire découvrir la passion, néanmoins non dénuée de respect et de sens politique, de deux êtres qui ont vécu au

Carcassonne : une cité sous protection féminine

Le voyageur se promenant dans la coté de Carcassonne découvrira sur son parcours, devant la porte de Narbonne, entrée principale de la forteresse, le buste d’une femme se dressant. Cette statue représente Carcas, l’épouse du roi musulman Balaak dirigeant Carcassonne au VIIIe siècle. D’après la légende, Charlemagne assiège la cité et Balaak meurt dès les premières années du siège. Carcas se retrouve seule à assurer les défenses de la cité. Inférieurs en nombre, privés de ravitaillement, la reine use de ruse et de stratagèmes pour dissuader l’armée de Charlemagne de lancer l’ultime assaut. Elle fait dresser sur les remparts des pantins de paille, qu’elle met en mouvement à l’aide de cordes et de poulies. Le siège s’éternise. A la sixième année, Carcas fait l’inventaire des réserves restantes. Les habitants lui apportent un porc et un sac de blé. La reine ordonne que l’animal soit gavé par les céréales, avant d’être jeté du haut des remparts. Le cochon s’écrasant sur le sol, libère le blé

L'Égypte et Alexandre le Grand : Une Rencontre Entre Conquérant et Civilisation Millénaire

Alexandre le Grand est une légende. Une vraie ! Et pourtant ne dit-on pas qu'une légende n'a jamais existé ? Les Grecs pensaient qu'Achille, Ulysse, Ajax étaient tout autant des légendes que des hommes qui avaient réellement existé. Alexandre ? Sa vie et son œuvre sont si extraordinaires qu’on penserait presque que son incroyable chevauchée qui le mena de Macédoine à L’Inde, n’est qu’une épopée, une fable digne d’Homère. Pourtant, à en croire les sources, si nombreuses, Alexandre a vraiment existé. Pas seulement parce que les Grecs, si géniaux et si prolifiques en histoires fabuleuses et légendaires nous le disent, mais parce que bon nombre d’autres peuples – et civilisations – l’ont rencontré et admiré. Parmi ces peuples, l’Égypte. La comparaison est aisée : Alexandre est un roi ou un empereur universel. Le genre d'homme qui n'existe que tous les 500 ans voir tous les milles ans. Pour ma part, il y eut Sargon d'Akkad, Hammurabi, le grand Ramsès II, Alexandre

Nabonide : le dernier souverain indépendant de Babylone et le premier archéologue de l'histoire

Quel étrange personnage que ce Nabonide (556-539 av. notre ère). Il fut singulièrement différent de tous ses prédécesseurs qui régnèrent sur le royaume de Babylone et il en fut le dernier souverain indépendant. Après lui, Perses, Macédoniens, Grecs et Parthes se partageront le trône babylonien ainsi que son rayonnement culturel et historique jusqu’à sa totale destruction aux premières heures de l’ère chrétienne. Chose exceptionnelle pour Nabonide, il fut confondu avec son ancêtre Nabuchodonosor dans la Bible et connut ainsi, grâce au récit de l’Ancien Testament et notamment du Livre de Daniel, une certaine éternité dans la mémoire des hommes - toute relative il faut bien l’avouer. Aujourd’hui, les sources épigraphiques et archéologiques ont révélé la véritable histoire de ce « roi maudit » qui avait abandonné sa cité plusieurs années pour se vouer au dieu lune Sîn et... à l'archéologie ! Nabonide était un roi. Et comme tous les grands rois qui, depuis deux millénaires, régna